Entre capacités et prédispositions innées, labeur, discipline et mental, comment Kilian Jornet est devenu l’un des meilleurs ultra-runners du monde ?
Comme cet amoureux de la montagne, vous voulez atteindre des sommets ? Inspirez-vous de cet “extra-terrestre du trail” pour booster vos performances.
Dans cet article, on vous partage sa routine d’entraînement, de nutrition et de récupération et on vous donne des conseils pour vous améliorer dans votre pratique du trail, de l’alpinisme, du ski-running ou dans toutes autres disciplines sportives.
Qui est Kilian Jornet ?
Né le 27 octobre 1987 à Sabadell, en Espagne, Kilian Jornet est un sportif professionnel. Ses spécialités sont l’ultra-trail, le ski-alpinisme, l’alpinisme et la course extrême en montagne. À seulement 17 ans, il remporte le championnat du monde de ski-alpinisme Vertical Race et, à 20 ans, l’Ultra-trail du Mont-Blanc (UTMB). Depuis, on ne l’arrête plus, avec 7 victoires à la Coupe du Monde de sky-running, 5 victoires mondiales en Course Verticale et 3 victoires à la Coupe du Monde d’ultra-running. En alpinisme, il a également battu plusieurs records avec son ascension en 2h52 du Mont-Cervin (4 478 m) et sa double ascension en une semaine de l’Everest, sans oxygène supplémentaire. Il détient d’autres records pour l’ascension du Mont Blanc (4 808 m), du Kilimandjaro (5 895 m en 7h14) et du Denali en Alaska (6 190 m). Cet “extraterrestre du trail” ou “ultra-terrestre”, comme certains aiment l’appeler, entremêle les disciplines comme la course à pied, l’alpinisme et le ski.Les facteurs aidant les performances hors normes de Kilian Jornet qui ne dépendent pas de vous
Kilian Jornet a passé sa vie en montagne
Né dans les Pyrénées catalanes, c’est tout naturellement là-bas qu’il a forgé son expérience. Les montagnes font partie de son ADN. Avec un père, guide de haute montagne, et une mère, professeur de sports de montagne et responsable du Centre de Technification du Ski de Catalogne, il pratique, depuis sa naissance, des activités extrêmes dans ses montagnes natales. Son père pratique un alpinisme plus traditionnel. Il lui apprend les rudiments de la technique, du respect de l’environnement et de la sécurité. Sa mère, elle, a une pratique libre de la course en montagne. Petit, Kilian, accompagné de sa sœur et de ses parents, gravit ses premiers sommets. Il fait du ski de fond et les descentes en ski alpin. D’ailleurs, à seulement 3 ans, il atteint son premier sommet haut de 3 000 mètres et à 10 ans, il traverse les Pyrénées en seulement 42 jours. Dès l’âge de 13 ans, il accompagne sa mère pour de longues sorties en montagne, parfois sans manger ou boire.La génétique de Kilian Jornet est parfaitement adaptée à son sport
Avec ses 171 cm et ses 58 kg, la morphologie et la génétique de Kilian Jornet semblent conçues pour pratiquer des sports d’endurance en montagne. Son taux de graisse corporelle se situe aux alentours des 8%.Certaines des capacités cardiaques et respiratoires de Kilian Jornet sont hors normes
La consommation maximale d’oxygène de Kilian Jornet est d’environ 90 ml/kg/min, ce qui est impressionnant. Cela correspond, par exemple, au VO2 max de certains athlètes olympiques de ski de fond. Son seuil d’anaérobie à 190 ppm est également exceptionnel. Sa fréquence cardiaque maximale est normale avec 203 ppm. Par contre, au repos, sa fréquence cardiaque est extraordinairement basse avec 36 ppm.Les routines d’entraînement de Kilian Jornet qui décuplent ses performances “naturelles” (et que vous pouvez copier !)
Nul doute que les performances de Kilian Jornet sont incroyables. Chaque année, il arpente 550 000 mètres de pente : 300 000 mètres en ski-alpinisme (500 heures) et 250 000 mètres en trail (500 heures).Kilian Jornet ne se repose pas sur ses lauriers : il s’entraîne autant que possible
L’ultra-terrestre s’entraîne tous les jours de la semaine. Selon son site web, il s’entraîne entre 15 et 35h par semaine, tous les jours de la semaine, pratiquement toute l’année. Il s’entraîne dès qu’il a suffisamment récupéré, ce qu’il suit notamment grâce à la technologie en analysant les variations de son rythme cardiaque.La passion de Kilian pour son sport fait qu’il s’amuse lorsqu’il s’entraîne
Sa passion pour les montagnes est au-dessus de tout. Il n’a jamais besoin de se forcer à se lever pour aller s’entraîner. La constance de son entraînement ne découle pas uniquement de la discipline, mais aussi de son amour pour ce qu’il fait. Son entraînement se combine ainsi toujours à ce qu’il aime : passer du temps dans la nature. En effet, chaque jour, c’est sa fascination pour la montagne et la nature qui le motive. D’ailleurs, il confie qu’il préfère l’entraînement en haute-montagne que la compétition, ce qui lui permet de profiter davantage de son environnement. D’après lui, l’entraînement ne doit pas être subi telle une obligation, mais être vu tel un moyen de s’améliorer, un mode de vie. Il préconise de garder des objectifs réalistes afin de ne pas se dégoûter. Chacun doit déterminer son plan d’entraînement selon ses caractéristiques physiques, ses motivations et ses capacités. Varier les disciplines lui permet aussi d’éviter l’ennui, le stress de la répétition et l’épuisement. Elles se complètent pour l’ériger au statut d’athlète complet. Par exemple, le ski-alpinisme développe sa force et sa capacité aérobique, ce qui l’aide à progresser lorsqu’il court et vise et versa…L’entraînement type de Kilian Jornet
Kilian organise son propre programme et s’évertue à rendre son processus d’entraînement toujours plus qualitatif, ce qui lui permet d’améliorer ses résultats de manière permanente. Pour ce faire, il lit beaucoup sur la physiologie, la biomécanique, l’entraînement et il se documente auprès d’entraîneurs ou de personnes ressources. Son programme varie selon la saison. En effet, il alterne entre la ski-alpinisme (l’hiver), l’alpinisme et le trail (l‘été).- L’hiver (de novembre à mai) : il fait des sorties longues pour travailler l’endurance fondamentale, notamment en faisant du ski de randonnée. En avant-saison, de novembre à décembre, il s’entraîne entre 20 et 30 h par semaine, au rythme d’environ 3-4h le matin et 1-2h l’après-midi. En saison hivernale, de janvier à mai, il concourt entre 20 et 25 courses, alternant avec des séances d’entraînement intenses entre 15 et 30h par jour.
- L’été (de mai à octobre) : il se concentre sur le trail running sur des sentiers en alternant courses longues (2-3h le matin) et courtes (40 min l’après-midi). Il parcourt entre 200 et 300 km et s’entraîne entre 20 et 35h par semaine. Ses entraînements se répartissent entre 80% de course et 20% de vélo sur route.
- L’endurance : d’après l’athlète, 88 % de ses entraînements se font à faible intensité (zones 1 à 3) : en zone 1 avant et après les courses, en zone 2 durant les longues séances d’entraînement (parfois 10h et plus) et en zone 3, quelques heures en amont des courses. Cela lui permet de développer sa base aérobie. Seuls 10% des entraînements sont de haute intensité (zones 4 et 5) et 2% d’intensité maximale (zones 6-7). Privilégier les entraînements à faible intensité lui permet de s’économiser pour les quelques entraînements longs et intenses.
- La force : la force n’est pas un point de focus pour l’entraînement de Kilian Jornet, mais il la développe, de toute façon, en pratiquant l’alpinisme et l’escalade. Les seuls exercices qu’il met en pratique pour travailler la force sont quelques séances isolées d’entraînement musculaire : exercices de base/stabilisation et exercices de force pour le haut et le bas du corps.
- L’altitude : une grande partie de son entraînement se concentre sur l’altitude. Entre 33 et 40% de ses séances se pratiquent à plus de 2 000 mètres. Il enregistre chaque année 200 heures par an à plus de 4 000 m.
- La technique : la pratique sportive de Kilian Jornet repousse les limites du danger. Même à l’entraînement, il effectue des manœuvres défiant la mort. Il exécute les mouvements le plus rapidement et efficacement possible. Il travaille sa biomécanique grâce à des exercices spécifiques et répétitifs afin de les visualiser et de les automatiser.
- La connaissance du terrain et des conditions : une partie importante de ses entraînements consiste également à se préparer aux conditions extrêmes des compétitions (stress, fatigue, tension, climat, altitude, géographie), tester et régler son matériel, son équipement et sa nutrition.